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19. Jérôme-Joseph de Momigny. Cours complet d’harmonie et de composition (Paris, 1803–6), 1:374.

Petite digression sur les Accompagnemens

Chaque partie d’Accompagnement peut jouer tour-à-tour le rôle d’interlocuteur; mais le plus souvent les Accompagnemens ne sont que les diverses parties du même individu dont le chant est la figure. Ce que cette figure, qui ne doit jamais être insignifiante, ne peut dire toute seule, même avec le secours si puissant de la parole, les Accompagnemens l’aident à l’exprimer. Tantôt ils tracent à leur manière le lieu de la scène; enfin ils remettent sous les yeux de l’auditeur, ou, pour parler sans figure, ils rappellent à son esprit, par le sens de l’oreille, tout ce qui peut lui faire prendre un plus grand intérêt à ce qu’on lui expose. Ils peignent sur-tout l’état où l’acteur[1] se trouve, son calme, son agitation, ses emportemens, sa douleur, ses plaisirs, sa tristesse, sa joie, son indifférence, son amour ou sa haine. Par fois, ils semblent former la suite d’un grand personnage, l’escorte d’un héros. D’après cela, on ne peut douter qu’un bon opéra ne fasse plus d’impression qu’une tragédie d’égale force qui ne serait que déclamée, en supposant toutefois que les auditeurs sont également propres à bien comprendre l’un et l’autre.

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[1] Le mot acteur n’est pas pris ici pour celui qui représente au théâtre ce qui est censé arrive ailleurs, mais il signifie celui qui fait l’action.