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32. Stendhal (Marie-Henri Beyle). Lettres écrites de Vienne en Autriche, sur le célèbre compositeur Jh. Haydn (Paris, 1814), 61–62.

On sait que les quatuors sont joués par quatre instrumens, un premier violon, un deuxième violon, un alto et un violoncelle. Une femme d’esprit disait qu’en entendant les quatuor d’Haydn, elle croyait assister à la conversation de quatre personnes aimables. Elle trouvait que le premier violon avait l’air d’un homme de beaucoup d’esprit, de moyen âge, beau parleur, qui soutenait la {62} conversation dont il donnait le sujet. Dans le second violon, elle reconnaissait un ami du premier, qui cherchait par tous les moyens possibles à le faire briller, s’occupait très rarement de soi, et soutenait la conversation plutôt en approuvant ce que disaient les autres, qu’en avançant des idées particulières. L’alto était un homme solide, savant et sentencieux. Il appuyait les discours du premier violon par des maximes laconiques, mais frappantes de vérité. Quant à la basse, c’était une bonne femme un peu bavarde, qui ne disait pas grand’-chose, et cependant voulait toujours se mêler à la conversation. Mais elle y portait de la grace, et pendant qu’elle parlait, les autres interlocuteurs avaient le temps de respirer. On voyait cependant qu’elle avait un penchant secret pour l’alto, qu’elle préférait aux autres instruments.